Comment je me suis décidée à vivre en tinyhouse.

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A postériori, je ne suis pas si surprise de mon choix de vivre en tiny. Quand j’étais petite, j’adorais les cabanes comme beaucoup d’enfants. Puis plus tard, les appartements cosy, les studios en duplex, les chalets à la montagne, les séjours en lieux insolites parce que « perchés » ou tout de bois vêtus et minuscules. Je me suis toujours sentie plus à mon aise dans les petits espaces que les plus grands.

Au commencement

Avoir passé une grande partie de mon voyage en Nouvelle-Zélande dans un van m’a fait apprécier le concept de vivre dans un espace tout petit. Il fallait rivaliser d’ingéniosité pour optimiser l’espace. J’y ressentais un sentiment d’extrême liberté par cette magie de pouvoir emporter sa maison n’importe où, chez n’importe qui. Et de savoir que quoi qu’il arrive, on a toujours son petit refuge à soi.

Suite à ce voyage lors de mon retour en France fin 2019, je dois cependant retrouver un endroit où me baser pour travailler. A bientôt 33 ans, j’ai envie d’un chez moi bien à moi. Un chez moi qui me corresponde et dans lequel je puisse investir et m’investir. Mais l’idée de repartir à la conquête d’un bien en location ou à acheter ne me motive que très peu. D’une part, ne sachant pas où me fixer il n’est donc pas opportun d’acheter. D’autre part, l’idée de me retrouver toute seule dans une maison ou un appartement après tant de rencontres l’année précédente me rebute au plus haut point. Devoir composer dans une colocation – ce qui est généralement perçue comme « une transition » – ne m’intéresse plus.

Par ailleurs, l’idée de contracter un crédit sur 15 ou 20 ans pour acheter un bien figé me donne la chair de poule. Je vois cela comme un cadenas m’enfermant dans un cercle vicieux infernal. Celui de travailler dur pour rembourser son prêt quoi qu’il en coûte. Je ne peux cependant plus imaginer devoir « travailler » pour « gagner » suffisamment pour rembourser un prêt pour un simple appartement. Après l’expérience vécue en Nouvelle-Zélande, ce schéma m’est devenu inconcevable. J’aspire trop à une autre forme de liberté.

Tinyhouse à la française ?

Dans le même temps, ayant découvert le concept des tiny houses chez les anglo-saxons, je repère finalement qu’il en existe aussi en France. Une journée portes ouvertes en Normandie auprès de l’entreprise « Latinyhouse » me permet d’en voir quelques-unes de plus près. Je suis excitée comme une enfant qui va découvrir un trésor ! J’en rêve, je réfléchis sérieusement comment je pourrais combiner mon métier et mon souhait d’avoir tout un réseau de proches, d’amis et de connaissances en milieu urbain.

Puis l’excitation retombe alors que je me base sur Poitiers. A ce moment-là, il m’est tout simplement impossible de me projeter dans une tiny. Trop de problématiques se posent. Trouver un terrain adapté et accessible financièrement sans être trop isolée. Se sentir observée car ce type d’habitat suscite forcément la curiosité… Ne pas bénéficier de tout le confort d’un appartement ou maison conventionnelle, notamment pour l’espace de rangement. Sans compter sur l’accès plus ou moins possible à certains incontournables tels qu’un lave-linge ou un four qui prennent beaucoup de place…

Je laisse alors tomber le plan tiny tout en gardant l’idée en rêve, dans un petit coin de ma tête. Pour mes vieux jours… Ou bien comme résidence secondaire à la campagne…

Double surprise !

Survient cependant un petit chamboulement dans ma vie. Je décide de démissionner de mon poste car le travail ne me convient pas. Je me retrouve alors sur le plateau de Millevaches dans le Limousin, deux semaines après ma démission. Cette histoire est magique mais je la raconterai un autre jour sur un autre post 😉.

Tout en découvrant le territoire sur ce fameux plateau, je rencontre toute une équipe de professionnels de santé hors du commun dont certains membres vivent dans une colocation. J’entends alors parler au détour d’une conversation d’une tiny qui se vend sur le plateau. Fait non anodin pour moi : la propriétaire n’est pas n’importe qui. Il s’agit de l’une des jeunes collègues médecins généralistes qui exerce également sur le plateau.

Alors l’excitation revient ! En moins de deux, je la contacte et lui demande des photos. Dans le même temps, je me mets à travailler et je reprend goût à l’exercice de la médecine. Tout cela m’intrigue…

Je finis par visiter la tiny avec sa propriétaire sur un terrain pas si loin de la colocation. Elle y est parquée le temps de trouver un acheteur, en pleine campagne. Et alors tout s’emballe. Je réfléchis. Ça fuse dans tous les sens dans ma tête.

Coup de coeur

Très simplement, je fais le constat que je suis sur un territoire magnifique où je reprends plaisir à travailler. De surcroît auprès d’une petite communauté de gens géniaux qui en plus, veulent bien m’accueillir avec la tiny chez eux ! L’occasion est trop belle pour passer à côté. Je suis sûre de regretter si je ne tente pas l’aventure de vivre en tiny à un moment donné dans ma vie !

Je réfléchis si je peux la revendre facilement si jamais elle ne me convient pas, si je ne vais pas me sentir à l’étroit dedans, si je ne fais pas une grosse bêtise sur un gros coup de tête… Mais finalement, je n’ai aucun doute, on reste dans le domaine du raisonnable. Le concept est juste nouveau et fait sourire la plupart de mon entourage. Ils ne sont cependant plus à une lubie près de ma part !

No stress

Par ailleurs, je réalise que je vais accéder à une propriété – certes ambulante – sans même avoir besoin de faire un emprunt à ma banque car j’avais tout de même accumulé un petit pécul me permettant de l’acheter cash. Cela me procure un soulagement immense et me donne le sentiment d’être sortie de l’antichambre d’une prison. Je trouve l’apaisement que je recherchais depuis quelques années en échappant à la pression de devoir faire comme tout le monde : acheter un bien immobilier.

Enfin je peux me défaire de toutes ces injonctions à l’achat d’un bien qui ne me fait absolument pas rêver. Ce rêve, d’être propriétaire d’un bien immobilier de valeur, je le comprends tout-à-fait. C’était celui de mes parents, et je l’avais aussi auparavant. Lorsque je pensais que nous aurions un futur du même acabit que le leur.

Pour autant ma petite sœur et bon nombre de mes ami.e.s également ont acquis une propriété. J’ai donc ce poids sur le dos de « devoir » faire comme eux, pour « avoir une situation » et « entrer dans le moule »… Jusqu’à ce que j’achète ma tiny, cette pensée logée en arrière-fond de ma tête est toujours là.

Consciente de tout cela, je saute donc le pas vers l’inconnu ; tout en ayant l’impression de vivre une belle histoire. Et puis, ça ne court pas les rues une médecin qui vend sa tiny et qui a peu ou prou la même vision de la médecine que moi 😉 .

Alors voilà !

Plus d’un an après, je ne regrette absolument pas. Tous les matins je me réveille heureuse dans mon lit puis savoure mon petit déjeuner à regarder la nature par la fenêtre. Je me félicite encore d’avoir osé acheter un habitat si original et qui correspond si parfaitement à mes envies 😊.

Qu’en sera-t-il pour « plus tard » ?… Et bien on verra. Au pire, si j’ai besoin d’un habitat plus grand, ma tiny pourra toujours me servir de « studio d’ami ». Ou bien peut-être me servira-t-elle de « résidence secondaire » pour mes jours de repos loin du plateau ?

Je savoure dans tous les cas l’idée qu’elle me suivra quoi qu’il arrive, quelles que soient mes décisions de vie dans le futur.

Big tiny dans un futur lointain ?

Mon sens du minimalisme n’étant pas le plus développé ^^, probablement que l’envie de vivre dans un habitat plus grand se fera sentir. Mon idéal serait alors de faire construire une big tiny sur un semi-remorque 😄. De cette façon je conserverais toujours cette possibilité de bouger et d’aller où bon me semble… Je garderais ainsi cette liberté que permet la tiny house.

Je pense aussi aux pépins de santé ! Car il est vrai qu’en cas de grosse entorse de cheville ou de syndrome covid bien costaud, avoir son lit au rez-de-chaussée sans avoir à faire de l’escalade reste tout-de-même très appréciable… Et j’avoue que de ne pas pouvoir accueillir de façon correcte plus de 3 personnes à partager un repas me titille un peu. J’ai cependant toujours la possibilité de réaliser des repas/retrouvailles au sein de la Fourmilière, la grande colocation juste à côté de ma tiny.

Mais au final, on verra bien !

« Si j’avais pu suivre mes plans jusqu’au bout, j’aurais été en très peu de temps l’homme le plus riche du monde : la découverte de l’or m’a ruiné. » Blaise Cendrars

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